dong Shanlindong (ouest) - 衫林洞

C. Shalindong - Grotte de la Pinède - Sanliandong
Code : K1 - Village : Wenquan
Dév. : 3 408 m - Dén. : 78 m (+ 78)
Lat. : 28°14’33,1” - Long. : 107°17’17,5” - Alt : 800 m
Il s’agit d’une traversée fossile subhorizontale, orientée grossièrement est-ouest. Cette cavité présente de nombreuses traces d’exploitation. Nous n’en connaissons que 610 m du côté est et 775 m du côté ouest. A l’est, près d’un diverticule fossile colmaté, on observe un regard sur un petit actif de 2 l/s avec un siphon à l’amont. A l’ouest, un premier départ mène, par des petites galeries et quelques boyaux, à une troisième entrée. La galerie principale, de 30 m de large et 10 m de haut, débouche dans un conduit plus carré partant au sud et s’achevant sur un puits remontant. Nous sommes à proximité de la branche orientale de Shigaodong. Mais nous ne connaissons pas les 2 km de conduits localisés entre ces deux points. Pour en savoir plus, il faudrait traduire le rapport en japonais de l’expédition de 1988.

"BOTTAZZI, Jean; CLÉMENT, Nicolas; FAURE, Nicolas; MAIRE, Richard; MANGEL, Laurent; LI, Po; POUILLY, Marc"
Karstologia Mémoires, n° 9 : Voyages en terre chinoise : Chapitre 4
Analyse :
Le district de Suiyang est au nord du Guizhou (Chine). Il recelle la plus longue grotte de Chine, creusée dans les calcaires et dolomies de l'ordovicien et du cambrien. Ce chapitre décrit l'état des explorations à l'issue des expéditions de 2001 et 2003 qui sont venues poursuivre les explorations débutées en 1988 par une équipe sino-niponne. La topographie de ce réseau géant (54,3 km en incluant les découvertes de l'année 2003) est donnée dans un additif en fin d'ouvrage. Ce chapitre contient également l'étude d'un têtard oreolalax observé sous terre. (BJ).

1049 caractères - Lu 53 Fois


Shanlindong ouest (24)
Shanlindong ouest est une des grottes les plus accessibles et les plus faciles du réseau de Shuanghedong. Son exploration s’est donc poursuivie par petites touches, profitant de journées de repos ou de très mauvais temps. Il y a deux entrées et une grande traversée horizontale aménagée pour le tourisme. L’entrée ouest se situe dans la fracture de Gangou, en remontant après Shuangheshuidong. Elle est localisée un peu plus bas que Shigaodong, sur le versant opposé.
La première ligne droite
En entrant par l’entrée ouest de Shanlindong, on rencontre vite un premier carrefour. La galerie de gauche a été ré-inspectée en raison de sa proximité topographique avec Shanyangdong. Le colmatage terminal est bien confirmé. Cent mètres avant celui-ci, sur la droite, une petite perte temporaire a été explorée. C’est une courte fracture aboutissant à un siphon étroit. Un peu plus loin sur la droite on observe une petite galerie qui remonte progressivement vers une autre entrée, il y a quelques rétrécissements en chemin. La galerie a tendance à descendre, puis à être horizontale, puis elle remonte. En été, un fort courant d’air chaud entre par l’entrée ouest, l’accumulation d’air froid dans la portion horizontale provoque une brume de condensation stratifiée.
La salle de bifurcation
Après cette zone, on arrive à une salle, bifurcation entre la galerie principale, à gauche et une grande galerie partant plein sud.
La grande galerie partant plein sud à ce carrefour a été revue. Les escalades à son extrémité confirment un arrêt dans une grande trémie calcifiée. À sa base, un boyau impénétrable laisse passer un courant d’air ronflant. On est très proche d’une trémie explorée en bas du P11 dans le méandre agressif de Shigaodong.
Au pied de la première escalade, dans une vasque d’eau, il y a des os dont un mandibule de chèvre. On est à environ 1 km de l’entrée ouest de Shanlindong, il peut s’agir d’animaux venus tout simplement par le même itinéraire que nous et piégés par un ressaut. Il y a des mouvements d’air importants dans la salle de bifurcation, mais il est bien difficile de trancher entre l’hypothèse d’arrivée en plafond ou de convection liée à la hauteur du plafond. Dans le second cas, cette salle jouerait le rôle d’échangeur thermique refroidissant l’air extérieur arrivé depuis l’entrée et la petite insufflation d’air froid à l’amont entretiendrait une perturbation.
Au niveau de la bifurcation, à droite, il y a un ensemble de petites galeries dans lesquelles le gypse a été exploité.
La galerie de la marginalité
Cette galerie est un bel exemple de l’utilité de s’écarter des sentiers battus. Son départ, situé sur une petite vire à gauche au niveau de la bifurcation, se présente comme un renfoncement anecdotique dans la paroi à l’intérieur d’un coude. Il suffit d’y entrer résolument pour découvrir un passage de dimensions très honnêtes : 5 à 10 m de large pour 4 à 10 m de haut. Plus on avance et plus le remplissage habituel de sédiments sec et pulvérulent fait place à des ornements de calcite, gours stalactites et coulées. On trouve même une paroi abondamment fournie en excentriques. Ce sont pour le moment les excentriques les plus accessibles du réseau.
La galerie de l’assistanat
Après la grande bifurcation, à environ 50m, on est au sol d’une galerie horizontale de 10 m de largeur s’évasant considérablement en hauteur pour atteindre 30m. Il y a d’anciens percolateurs à gypse et deux petites galeries arrivant au raz du sol. À droite, c’est la galerie de l’exploitation des masses populaires, à gauche, la galerie de l’assistanat. Contrairement à la première qui est parcourue par un fort courant d’air, la seconde n’en présente pas, car c’est une voie sans issue. Plus on s’avance et plus l’influence climatique de la galerie principale s’estompe. Tout devient sale et glissant, car humide. C’est une combinaison entre remplissage et concrétionnement qui met fin, au bout d’une centaine de mètres à tout espoir de progression.
Les laminoirs du dessous
Le petit laminoir précédemment décrit a un grand frère situé 150 m plus loin, en direction de l’est, toujours sur le côté gauche de la galerie, au fond d’une vaste dépression précédée et suivie de grandes stalagmites. Il se développe sur près de 200m et présente quelques ramifications. Son extrémité est bloquée par une coulée de calcite, sous l’extrémité de la galerie de la marginalité.
Le boyau qu’on mérite
Dans le cadre d’un stage de formation, nous avons voulu tenter d’atteindre la galerie du mérite, dans Shanlindong. C’est un exercice d’orientation souterraine intéressant qui nous a permis d’améliorer la précision du dessin de la topographie et d’explorer un court boyau s’achevant sur un colmatage.
Il est situé après la galerie de l’exploitation des masses populaires, dans la zone intermédiaire en bas du P5 et du P7 mais en haut du P21 et du P8.[Jean Bottazzi]
La fracture bouyante
Dans le même secteur, en bas du P8, en montant une escalade de 4 m, en allant à la galerie du mérite, on passe devant un départ de méandre descendant. En fait, c’est un véritable puits, de 25m.
Au pied du P25, nous prenons pied au bas d’une grande fracture. Immédiatement à l’ amont, un microactif sort d’un passage très bas. Il semblerait que cela soit bouché par des sédiments, mais il aurait fallu se mettre à plat ventre dans l’eau pour en être sûr. À l’aval, la fracture continue, assez large pour qu’un homme se tienne de face sans être gêné. Rapidement, la galerie devient étroite et il faut monter sur un talus pour redescendre, mais on sent que ça va se gâter. Et effectivement, ça devient très étroit. La suite se passe via une escalade en opposition dans la boue, à mi-hauteur du méandre. Proche du plafond, c’est plus large et on débouche dans une petite salle concrétionnée où j’ai fait un cairn. Un passage scabreux en opposition épaule-pied, dans de l’argile «zippante», permet de déboucher dans du plus gros et même trop gros pour faire de l’opposition : plusieurs mètres de large. Ça glisse. Une main-courante serait appréciable si quelqu’un devait revenir. On débouche donc en balcon, sur des banquettes d’argile, 8 m au- dessus du plancher. La suite est en bas. Après avoir gratté pour planter des amarrages, oui, il y a bien de la roche sous l’argile. Il y a un point topographique en plein dans la lucarne de 4m de haut par 2m de large, sur un cairn en argile, posé sur un morceau d’argile, avec un fond d’argile, à droite (en regardant du bas) d’une énorme stalagmite d’1 m de diamètre. Une seconde visée a été faite sur une stalagmite de 20 cm de diamètre, 2 m de haut, blanche immaculée parmi toute cette argile, en rive droite, facilement visible d’en bas.
L’omniprésence de la boue a inspiré le mauvais jeu de mots donnant le nom de cette branche. [Olivier Testa]
La galerie du mérite
Cette galerie, initialement découverte en 2003, était arrêtée sur un P8.
Du balcon de la galerie du mérite, un puits de 8m permet d’atteindre un point haut dans la galerie inférieure. Ce point haut est le sommet d’un amoncellement de blocs décamètriques. Vers le nord-est, la galerie descend, tapissée d’une couche d’argile très épaisse. L’argile est percée de trous liés aux gouttes à gouttes tombant du plafond, ou bien découpée en blocs à cause de la dessiccation. Ces deux phénomènes permettent d’estimer une épaisseur d’argile de plus de 60 cm. Il n’y a aucun départ, aucun courant d’air, même jusqu’au point bas extrême de la galerie et son soutirage où part un micro filet d’eau. Vers le sud-ouest, une fois quitté l’amoncellement de rochers, on arrive sur une zone étonnamment propre. On y trouve des galets, des perles de cavernes blanches immaculées, un os (taille d’un cubitus humain), quelques stalagmites isolées, des détritus végétaux... tout ceci paraît déplacé dans cette galerie, recouverte de boue par ailleurs. On voit aussi au sol de petites concrétions cassées. Il semblerait qu’il y ait une arrivée en plafond, un goutte à goutte qui nettoie le sol et des apports extérieurs arrivent par un trou. Plus loin, on bute devant un mur de 3m de hauteur, constituée d’un conglomérat de petits galets pris dans une argile solidifiée. Sur les côtés, se trouvent des dizaines de marques de griffures d’ursidé. Olivier a effectué l’escalade de 4m sur le conglomérat sans toucher aux griffades. Sur ce palier, un bout de galerie bute rapidement sur un second mur de conglomérat, d’une hauteur de 10 m, où l’on retrouve des griffades. L’animal a dû tomber là et a tenté de grimper. Les griffades montent à plus de 2 m de hauteur sur le premier mur, ce qui donne une indication de sa taille. Il est impossible que l’ours ait grimpé le second mur, vertical. Cependant, nous n’avons observé aucun vestige de cadavre d’ursidé. L’altitude de la galerie au sommet de l’escalade de 10 m et la continuité du plafond nous laissent penser que cette galerie est la continuation de la galerie du mérite. L’escalade est à faire, mais la roche est très mauvaise (conglomérat). Le courant d’air violent de la galerie du mérite part soit à cet endroit, soit par l’arrivée supposée en plafond. [Olivier Testa]
Derrière l’étroiture du velcro noir
Lorsqu’on se rend à la galerie du mérite ou à la fracture bouyante, après la galerie de l’exploitation des masses populaires et ses deux petits puits, on descend dans une petite rivière par un P8. C’est un peu en amont de ce P8 qu’arrive le méandre exploré en descendant le P145 du gypse, dans la fracture des abîmes de Xionghuatang, ce qui a focalisé un peu d’attention sur ce secteur.
La rivière passe par des laminoirs à demi remplis d’eau. L’étroiture du velcro noir, gentil nom donné ici aux concrétions en choux-fleurs, shunte ce passage. Tout de suite après ce shunt, quand on redescend dans la rivière par un ressaut terreux, on remarque en face un tout petit ruisselet calcifié que l’on peut remonter jusqu’à la base d’un ressaut. L’escalade depuis le bas est aisée; on est sous le P7 atteint en descendant le P145 du gypse dans Xionghuatang. La rivière à l’amont circule d’abord dans une galerie concrétionnée, puis provient d’un méandre étroit, mais franchissable. On débouche en moins de 10 m à la base d’un grand puits remontant d’où provient la moitié du débit. L’autre moitié provient d’un griffon impénétrable, mais il est aisé de passer dans la large fracture au-dessus et de le retrouver plus loin, puis de le suivre jusqu’à une trémie calcifiée. En fait, si on suit la galerie concrétionnée, on se retrouve au-dessus de cette trémie. Il y a d’ailleurs à ce niveau un autre accès par un petit puits à la large fracture précédemment citée. La trémie est énorme. Elle a été franchie en grimpant dans sa partie active. On débouche ainsi par le fond d’un entonnoir de gros blocs heureusement stabilisés par la calcite dans une grande salle. On est sous la fracture des abîmes de Xionghuatang. Une escalade de plus de 30 m sur un toboggan pierreux très raide a permis de remonter jusqu’à un balcon dans le puits de jonction entre Xionghuatang et Shanlindong. De l’autre côté, on a pu avancer jusqu’à la suite entrevue au-dessus du P7 à la base du P145 du gypse. La descente des puits de ce secteur ainsi que l’exploration des lucarnes du P145 sont donc inutiles. [Jean Bottazzi]

AUT. VAR (2019)
Jean BOTTAZZI, Éric SANSON, Bruno HUGON, Olivier TESTA, Alain MAURICE, Marc GUICHOT, Florence GUILLOT, Cécile PACAUT, Marc FAVERJON, Marc TREMBLAY, Amandine LABORDE, Nicolas FAURE, Emmanuel VITTE, Jessica MORIN-BUOTE, Éric DAVID, Éric LECUYER, Éric MADELAINE, Gilles CONNES.
Topographes
Jean BOTTAZZI, Éric SANSON, Bruno HUGON, Nicolas FAURE, Olivier TESTA, Barnabé FOURGOUS, Pascal ORCHAMPT, Emmanuel VITTE, Éric DAVID, Marc TREMBLAY, Florence GUILLOT, Fabien MULLET, Marc FAVERJON, Charles BUTIN, Cécile PACAUT, Alain MAURICE, Gilles CONNES, Jes- sica MORIN-BUOTE, Michel ISNARD, Jean-Pierre BARBARY, Patrick LETOURNEL, Marc SÉCLIER, Marc GUICHOT, Vivien MOINAT, Éric MADELAINE, Silvia ARRICA, Silvère PASTUREAU, LIZIXIN, Éric LECUYER, Thierry MONGÈS, Amandine LABORDE, Daniel BETZ, Olivier JÄRMANN, Christian DELAIRE.
Coordination, rédaction, synthèse topographique et composition :
Jean BOTTAZZI
Spelunca Mémoires n° 39 (2019)
Voyages en terre chinoise tome 5. Expéditions spéléologiques franco-chinoises 2011-2019 dans les grottes de Suiyang Shuanghedong

Analyse : gkc-JPB

11833 caractères - Lu 106 Fois




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